Via Chris Webb, un article de Frans Bouma sur l’évolution de la relation partenaire/éditeur avec Microsoft. Si l’article est récent le sujet ne l’est pas, Joel Spolsky en avait déjà parlé tantôt (il y a 12 ans !), et même moi par ici.
L’article est un peu long, je vous le résume (même s’il vaut le coup d’œil) :
Microsoft développe des logiciels. Pour rester dans le business l’éditeur crée beaucoup de nouveaux produits, sur des nouveaux périmètres ou en remplaçant des softs existants (qui marchaient ou pas). Nous, partenaires (consultants ou éditeurs à notre tour), faisons le choix d’utiliser ces produits, d’investir dans ces produits, et de là découle une dépendance à la technologie de Microsoft. Et si de tout temps, via cette dépendance, Microsoft nous faisait subir ses ruptures technologiques sans que nous ayons trop le choix (cela faisait partie du deal), désormais des alternatives existent et nous pouvons/devons-nous interroger sur l’opportunité de changer complétement d’environnement lorsqu’une nouvelle rupture survient.
Un très bon exemple de ça actuellement est la BI avec SQL Server, puisque nous sommes en train de subir une rupture technologique entre l’offre traditionnelle (SSIS/SSAS/SSRS) et la nouvelle génération d’outils (Power BI/HDInsight/Azure).
En tant que consultants, nos connaissances techniques sur les « anciens » produits ne se transposent au final que très peu sur les nouveaux produits (DAX, Hive, Pig). Au moment de dégager du temps de formation, on doit donc s’interroger, quitte à repartir de 0, sur l’opportunité de passer à une autre stack technologique : QlikView, Tableau, MicroStrategy… Voire carrément un domaine connexe : Machine Learning et Big Data via la stack Hadoop, statistiques via R ou Python, etc…
Dans le deux cas (autre éditeur, autre domaine) on ventile les risques : dans le premier on ventile ses dépendances sur 2 éditeurs, dans le second on investit sur l’open source, qui traditionnellement véhicule des écosystèmes moins tyranniques que ceux reposant sur un éditeur unique.
Si de mon côté le choix est fait, je pense que tous ceux qui prennent leur carrière au sérieux doivent se poser sérieusement la question, autant d’un point de vue personnel (quel sera le prochain livre que vous allez ouvrir) que stratégique (quelle offre de service construire pour mon pôle décisionnel).
Par contre, si ici je mentionne les risques d’un partenariat avec Microsoft, il fallait également que je mentionne les avantages énormes qui en découle: entre autres, l’ensemble des Microsofties dont le métier à temps plein c’est de nous aider (merci les gens!), le programme MVP dont je profite, ou encore les avantages en licences via le Microsoft Partner Network. Comparé aux autres éditeurs, nous sommes choyés!
Alors oui, je vous dis que pour moi le choix est fait, mais je fais monter le suspens, on en reparle plus tard 😉
Article super intéressant (as usual). Par contre, est on obligé de faire ce choix? Car en tant que consultant, on peut justement décider de s’investir sans occulter les autres techno.
Jen Underwood est un très bon exemple pour moi concernant ce type d’approche. (Zen Master Tableau, impliquée massivement dans Power BI, grosse capacité à entrer dans les nouveaux outils)
Mais est ce que à ton niveau on a le choix justement de garder cette liberté lorsque l’on gère une équipe?
A mon sens tu dois faire un choix pour 2 raisons.
Pour nous commun des mortels, il devient de plus en plus difficile de bosser tous les sujets techniques de front, de facturer, de gérer ses équipes, de s’améliorer en gestion de projet, en Agilité, en modélisation, etc etc… A moins que tu sois le fer de lance de ta boîte à passer 10 jours par mois dans ton labo, tu n’auras pas la bande passante pour traiter plus d’un ou deux sujets.
Ensuite tu parles de Jen, mais elle aussi a fait un choix, celui des outils de dataviz. Si tu regardes dernièrement elle ne semble plus bosser du tout les outils « legacy » (SSAS/SSIS/SSRS). Un autre exemple c’est Marco Russo, qui fait beaucoup de DAX (en fait il invente juste les pratiques qu’on va utiliser pour les 10 prochaines années), qu’on ne voit quasiment pas sur le Big Data, et plus du tout sur SSIS/SSRS. Et là on parle là des experts techniques champions du monde, qui ont les missions qui mettent en pratique les sujets qu’ils veulent suivre, qui à priori ne font ni gestion de projet ni management d’homme, et qui ont un programme de veille techno intensif. Pour obtenir une expertise de niveau mondial, ils se concentrent sur une poignée de sujets.
Donc que la vraie vie vienne te divertir, ou que tu choisisses un sujet précis pour éviter de diluer tes efforts, je pense que le choix est obligatoire.
C’est vrai qu’ils sont tous spécialisés dans une techno, mais aussi un domaine bien précis.
Par contre, le choix dont tu parles il est préférable de le faire quand selon toi? le plus vite possible où bien attendre un peu et se faire pas mal d’expérience?
En tout cas, prendre conscience de faire un choix. C’est déjà un grand pas, car on a vite tendance à se laisser entrainer par les choix de nos chefs qui nous staffent.. là ou il y a de la place et sans forcément y réfléchir.
Suivant ton blog depuis quelques temps déjà, tu as une vraie vision sur le domaine et je suis bien curieux de voir comment tu as abordé la question 🙂
Ce que je recommande dans mon pôle c’est de déjà maîtriser les outils classiques (un ETL, un cube / une couche sémantique, une solution de reporting), et d’être carré sur la modélisation (Kimball!!!). Ça peut prendre 3 à 5 ans selon les missions, le choix de son profil (développeur, chef de projet, expert technique, architecte, etc…) et l’attitude par rapport à sa veille technologique.
Après il faut profiter des opportunités (une mission Tableau qui passe, un POC à faire rapidement sur Power Pivot, une session aux Techdays sur HDInsight) qui te permettront de tester ton gout sur les nouveaux sujets et potentiellement déclencher ta curiosité et ton envie de creuser plus loin.
Dans tous les cas tu as la bonne attitude 😉
Pour répondre à Geoffrey, le choix de l’outil va aussi forcément dépendre de la boîte dans laquelle tu commences.
Si tu commences dans une grosse structure pluri-technologies, tu vas, comme tu le disais d’ailleurs, intervenir sur les missions selon la disponibilité des consultants. Tu risques donc de toucher à tout sans avoir trop le choix de la techno, à moins de rapidement montrer que tu es un spécialiste sur une en particulier. Mais au final, tu risques de te spécialiser sur celle où tu auras fait le plus de missions, indépendamment de ta volonté.
Si tu veux te spécialiser dès l’entrée dans le monde du travail, il faut choisir les pure player. Tu seras au moins sûr de monter en compétence sur une seule techno, et que tu auras toi-même choisie.
Après je ne dis pas qu’un choix est meilleur que l’autre, parce que c’est bien aussi quand les experts techniques d’une techno savent ce qui se fait chez les concurrents et notamment de mieux ou de moins bien.