Dilbert du 2014-06-16

Ce qu’il vous faut maintenant c’est du Big Data! 😉

Dilbert du 2014-06-16(Dilbert.com)

Traduction approximative:

Boss: Notre consultant recommande une transformation complète de l’entreprise, nécessaire pour accroître notre compétitivité.

Dilbert: C’est une coïncidence que les consultants recommandent toujours les solutions qui leur permettent de facturer le plus?

Boss: Comment pourrais-je le savoir?

Dogbert (Consultant): Je peux vous faire une étude si vous le souhaitez.

 

Un outil pour la transparence en SSII : le tableau mensuel des marges

2013 est terminée, et je voulais partager avec vous une initiative que j’ai lancée avec mon équipe l’année dernière, et qui à mon sens a considérablement participé à l’amélioration du moral, à la cohésion du groupe, à la confiance dans la structure, à la paix sociale en somme !

Il s’agit d’un petit rapport tout bête, qui présente à toute l’équipe nos dépenses (salaires, frais, structure) et notre chiffre d’affaire, ce qui permet de calculer la marge et visualiser le résultat de nos efforts. Un petit exemple ci-dessous (les chiffres, mêmes s’ils se veulent réalistes, ne sont évidemment pas ceux de mon équipe) :

On peut cliquer pour voir plus grand ;)

On peut cliquer pour voir plus grand 😉

Vous noterez mes hypothèses :

  • Taux Journalier moyen : 580€
  • Nombre de jours ouvrables sur la période (prise en compte des congés) : 124
  • Salaire chargé (niveau patronal) moyen : 4600€/mois
  • Frais de structure à 25% du CA
  • Un objectif de marge annuelle à 180K€, voir plus bas sur la répartition

Attention la dernière ligne est une valeur cumulée à date, le reste étant les valeurs mensuelles.

Et surtout vous noterez le résultat : il ne reste pas grand-chose après 8 mois d’activité (on n’oublie pas l’impact important des congés d’été) en ajoutant que ces chiffres sont avant l’impôt sur les sociétés. Pour rappel cet impôt se situe entre 15%  et 35% du résultat (15% si le CA est inférieur à 7,5M€), même si l’optimisation fiscale est devenu un sport très souvent mis en pratique par nos patrons 😉

On apprend quoi ?

  • Qu’en effet une fois qu’on a tout payé, raisonnablement il ne reste pas tant que ça
  • Que malgré tout il reste quelque chose : potentiellement 60K€ de réinvestissement pour la société (ligne bénéfice société), et autour de 7000€ de « monnaie » pour investir sur les collaborateurs
  • Que le tout peut s’effondrer très vite si l’inter-contrat s’envole (cf Mars). On peut comprendre le stress des patrons à la sortie d’un consultant en mission : potentiellement c’est la marge du mois qui peut y passer
La transparence ça fait du bien, mais ça peut faire mal !

La transparence ça fait du bien, mais ça peut faire mal !

Ce calcul repose sur le framework dont je parlais tantôt, qui répartie la marge équitablement entre les actionnaires (bénéfice société), les collaborateurs (primes annuelles) et les clients (amélioration des produits et service), les fameux 7000€ entrant dans cette dernière catégorie.

Ce petit tableau, mis à jour mensuellement avec 1 ou 2 mois de forecast, permet de renouer avec son équipe en l’impliquant directement sur le résultat de l’entreprise. On bosse bien, on accepte de faire des sacrifices dans son quotidien, et on voit le résultat directement à la fin du mois.

Par contre, comme toute initiative sur la transparence, ça implique de jouer le jeu tant sur les chiffres (c’est tellement facile de maquiller les chiffres) que sur la répartition effective du cash: si effectivement le pôle a généré 20K€, difficile de refuser des formations à 2K€.

A pratiquer avec l’accord de la direction !

A pratiquer avec l’accord de la direction !

Enfin, vous noterez que comme tout rapport, il est nécessaire de l’accompagner de valeurs de référence (résultat N-2/N-1, framework « standard ») et d’objectifs. En plus de contribuer au moral cela contribuera alors également à l’amélioration continue !

Petite réflexion autour de l’accélération des technologies

En ce moment l’écosystème décisionnel Microsoft est en ébullition. Avec la sortie de SQL Server 2012, c’est tout un camion de nouvelles technologies qui débarque dans notre petit jardin: le DAX, SSAS Tabular, PowerPivot, Power View, Data Explorer, des gros morceaux de SharePoint qui s’incrustent, Windows 8, les évolutions SSIS, le T-SQL version 2012… On a un peu l’impression d’avoir un nouveau langage / environnement à apprendre tous les 3 jours.

Même en dehors de Microsoft le décisionnel bouge beaucoup, et on commence à parler Tableau, Qlikview, SpotFire, qui eux aussi requièrent une certaine expertise voir une expertise certaine.

Et si on revient chez Microsoft mais qu’on sort de la BI, on voit que ça bouge beaucoup, et que ça en fait s’interroger plus d’un !

Oh mon Dieu, du DAX!!!

Oh mon Dieu, du DAX!!!

Alors je crois que c’est le bon moment pour un petit rappel qui nous vient de 2002, de chez Joel Spolsky :

When I was an Israeli paratrooper a general stopped by to give us a little speech about strategy. In infantry battles, he told us, there is only one strategy: Fire and Motion. You move towards the enemy while firing your weapon. The firing forces him to keep his head down so he can’t fire at you.

Traduit approximativement :

Pendant mon service militaire, un général s’est adressé à nous pour un petit cours de stratégie. Dans les batailles d’infanteries, nous disait-il, il n’y a qu’une stratégie: tirer en mouvement. C’est à dire se déplacer vers l’ennemi tout en tirant dans sa direction. Le fait de tirer lui fait baisser la tête, ce qui permet de se déplacer sans qu’il vous tire dessus.

Qu’il applique à la technologie, quelques paragraphes plus loin:

Think of the history of data access strategies to come out of Microsoft. ODBC, RDO, DAO, ADO, OLEDB, now ADO.NET – All New! Are these technological imperatives? The result of an incompetent design group that needs to reinvent data access every goddamn year? (That’s probably it, actually.) But the end result is just cover fire. The competition has no choice but to spend all their time porting and keeping up, time that they can’t spend writing new features.

De nouveau traduit approximativement:

Pensez à l’histoire des protocoles d’accès aux données issus de Microsoft. ODBC, RDP, DAO, ADO, OLEDB, ADO.NET – tous tout neuf ! Etaient-ils technologiquement incontournables ? Ou le résultat de l’incompétence du groupe de design concerné ? Peu importe, le résultat c’est un tir de couverture : pendant que la compétition passe son temps à adapter son code elle n’a pas le temps d’écrire de nouvelles fonctionnalités.

Et nous autres, les utilisateurs de ces technologies, on est pris au milieu de la bataille.

Les juniors sont découragés par le nombre de technos à apprendre, les séniors s’offusquent d’avoir à apprendre encore un nouveau langage.

Tout ça c’est du « Fire & Motion » de l’éditeur, il est important de ne pas y succomber, car ce n’est pas notre guerre. Pour l’éviter : déterminer quel est votre objectif – réaliser des projets ? – et accomplissez le sans vous inquiéter de ne pas maîtriser l’ensemble des technologies de l’offre.

Ce qui est important c’est :

  • d’avoir les bases, la théorie essentielle indépendante de la techno : parler à un client de ses besoins, la modélisation dimensionnelle, de la gestion de projet élémentaire…
  • de maîtriser au moins une technologie, et connaître ses limites,
  • de savoir apprendre les autres, uniquement au moment où vous avez besoin d’elles et uniquement ce dont vous avez besoin
  • de savoir demander à l’aide.

Pour tous ces points, il y a la communauté. Abonnez-vous aux blogs, participez à FrenchConnection.BI et au GUSS, contactez les experts, bref, ne restez pas tout seul dans le noir 😉

Jusqu’à la fin de votre vie, plus vous apprendrez, plus vous réaliserez à quel point vous en savez peu. C’est de la philosophie de bas étage, mais c’est à garder en mémoire devant l’énormité du travail de veille technologique qui attend tout développeur / consultant qui se respecte.

Bon courage ! 🙂

Petit Rappel Consulting: Forfait, Régie, Régie forfaitée…

Régie : Engagement de moyen

« Sur ce projet nous allons mettre 3 personnes à temps plein, du 1erjanvier au 12 décembre. »

  • Si on finit avant : Option 1 : les consultants restent jusqu’à la fin. Option 2 : les consultants partent et ne facturent que le consommé.
  • Si on ne finit pas à temps : les consultants s’en vont, à moins de commander une nouvelle prestation.

Particularités

  • Pour le client : pilotage complet de l’activité des consultants sur la période
  • Pour les consultants : Aucun risque sur la facturation

Facturation

  • On négocie un TJ, Taux Journalier, pour chaque consultant. On détermine la date de début et la date de fin de la prestation (nb: les anglosaxons préférent manifestement le taux horaire au taux journalier).
  • On multiplie le TJ par le nombre de jours de présence dans le mois, ça donne une facture mensuelle.
  • On prévoit des conditions de sortie dans le cas où on veut finir avant la date de fin (pénalités, préavis, proposition de remplacement…)

Forfait : Engagement de résultat

« Nous finirons le projet tel que défini dans le cahier des charges, avant le 12 décembre. »

  • Si on finit avant : les consultants s’en vont
  • Si on ne finit pas à temps : les consultants restent à leur frais, voir encourent des pénalités de retard si le contrat le prévoyait

Particularités

  • Pour le client : aucun coût en cas d’échec du projet, les consultants ne sont pas payés
  • Pour les consultants : plus grosse facturation si on finit avant, la compétence est récompensée

Facturation

  • On négocie un coût global et une date de livraison. On définit un périmètre précis.
  • On inclut également un échéancier de paiement (30% au démarrage, 50% à la livraison, 20% post-garantie).

« Régie Forfaitée »

« Sur ce projet nous allons mettre 3 personnes à temps plein, du 1erjanvier au 12 décembre. Sur cette période nous devrons finir le projet tel que défini dans le cahier des charges. »

  • Si on finit avant : Option 1 : les consultants restent jusqu’à la fin. Option 2 : les consultants partent et ne facturent que le consommé.
  • Si on ne finit pas à temps : les consultants restent à leur frais, voir encourent des pénalités de retard si le contrat le prévoyait

Particularités

  • Pour le client : c’est le beurre et l’argent du beurre
  • Pour les consultants : argument de vente massue pour ouvrir un compte capricieux

Facturation

  • Mode régie avant l’instant T
  • Aucune facturation en cas dépassement, voir pénalités.

« Forfait régitisé »

« Nous finirons le projet tel que défini dans le cahier des charges, avant le 12 décembre. Sinon nous mettrons 3 personnes à temps plein jusqu’à ce qu’il soit terminé »

  • Si on finit avant : les consultants s’en vont
  • Si on ne finit pas à temps : on bascule en régie à durée indéterminée

Particularités

  • Pour le client : Les consultants sont motivés pour finir rapidement, et si ça dérape on a un engagement de moyen pour terminer. Ça évite les consultants qui jettent l’éponge et disparaissent en cas d’échec.
  • Pour les consultants : c’est le beurre et l’argent du beurre.

Facturation

  • Mode Forfait avant l’instant T
  • Bascule en mode régie en cas de dépassement, TJ à fixer avant de commencer.

Le nommage des modes mixtes peut varier, voir s’inverser, soyez donc attentif à la formulation de qui doit faire quand ça dérape. J’espère que ça aidera ceux qui nageaient encore avec les définitions 🙂

Notez que pour ceux qui partent sur de l’Agile, le mieux est souvent de travailler en régie. Les itérations provoquant souvent des glissements de périmètre – c’est le but en même temps – une contractualisation au forfait impliquera donc la rédaction de nombreux avenants. Cela devient rapidement pénible et limite le flux de productivité.

Je terminerai en rappelant qu’indépendamment des contrats, vos clients et vos consultants sont des êtres humains qu’il est très facile de démotiver / vexer / fâcher. Une relation de consulting doit être une relation de confiance, sinon aucun travail productif ne sera effectué. Ne gâchez pas cette relation en voulant être trop agressif d’entrée de jeu. Un consultant sous facturé (donc indirectement sous payé / mal valorisé) en régie longue ne fera jamais du très bon travail. Un client qui se sent arnaqué vous allumera toujours au moment de la recette. Sachez rester dans le gagnant-gagnant !

Un dernier conseil pour les clients : demandez une période d’essai, quel que soit le type de prestation. En régie : une période de 15 jours pendant laquelle vous pouvez arrêter la prestation sans frais ; en forfait : un premier mini-projet pour tester la capacité à livrer de l’équipe. Ne vous enfermez pas dans des relations inconfortables au boulot, vous avez votre vie personnelle pour ça… Plus sérieusement, n’ayez pas de scrupules : les bons consultants choisissent leurs clients, alors faites la même chose !

Jeff Lamarche sur les NDA…

… et plus généralement sur le secret professionnel en avant-projet: ça se lit ici.

En version française et adapté au consulting plus généralement, ça donne qu’il ne faut pas avoir peur de partager tous les tenants et les aboutissants de son projet lorsqu’on veut le confier à une société externe, et cela avant même la signature des contrats.

Cela paraît évident dit comme ça, et même s’il est rare que l’on signe des NDA en France (Non Disclosure Agreement, accord de non divulgation), il est arrive encore trop souvent qu’on ne nous livre qu’un minimum d’info avant la signature du contrat, de peur qu’on aille révéler quoi? Je ne sais pas…

A moins que ce ne soit pas par peur que le prestataire aille révéler quelque chose, mais plutôt par peur qu’il s’enfuit devant l’impossibilité de la tâche? Ca c’est encore pire, car si un beau piège a été dissimulé par le client dans l’appel d’offre, ça ne peut que se retourner contre lui. Il ne faut pas croire qu’un accord de réalisation signé sur un périmètre défini est toujours valable si on y rajoute sournoisement le piège qui change tout, pas en France en tout cas. Et même sans cela, rompre la relation de confiance client/fournisseur avant même la signature du contrat? Pas génial pour réaliser un projet avec enthousiasme…

Je rajouterai même que c’est une bonne chose, lorsqu’on fait venir un vrai professionnel, de lui exposer complétement son idée avant même de signer un contrat. Pourquoi? Parce que si c’est un vrai professionnel et que l’idée n’est pas très bonne, il refusera le contrat en expliquant pourquoi. Six mois de budget et de frustration économisés c’est toujours bon à prendre, surtout quand c’est offert par la maison 🙂

10 choses que j’ai apprises, par Milton Glaser

Mais qui est Milton Glaser ? C’est avant tout un designer ultra réputé (le logo de DC Comics, « I love NY » avec le coeur…) . Il a également écrit quelques essais dont celui dont je veux vous parler aujourd’hui, qui date de 2001 et s’intitule « Les 10 choses que j’ai apprises« . C’est via SwissMiss que je l’ai découvert.

De quoi ça parle? Le mieux c’est surement que je vous rapporte ici quelques unes de ces choses :

1 – On ne peut travailler que pour des gens que l’on apprécie. C’est à la fois contre-intuitif, par rapport à une attitude professionnelle qui voudrait qu’on soit capable de bosser dans tous les environnements, pour tous les clients; à la fois l’expérience prouve qu’on travaille vraiment mieux pour/avec des individus que l’on respecte et avec qui on partage un terrain d’entente.

2 – Si tu peux choisir, n’aies pas de travail. Celui là, je le comprends comme: développe tes compétences, ton réseau, ta curiosité, ton envie, mais ne t’attache jamais à un titre, une entreprise ou un statut. Les premiers ne peuvent pas t’être enlevé, les seconds le seront forcément à un moment ou un autre. En somme, le vécu prime sur le matériel.

3 – Certaines personnes sont toxiques, il faut les éviter. Certaines personnes nous nourrissent, d’autres se nourrissent de nous. Il faut éviter à tout pris les dernières, celles qui vampirisent notre énergie et notre force. Il est à noter que cette manière d’appréhender les relations n’est pas une somme qui doit faire 0: deux personnes peuvent se nourrir mutuellement, et inversement.

4 – Le professionnalisme ne suffit pas, ou, le bien est l’ennemi du mieux. Le professionnalisme est nécessaire dans le sens où il impose une base de discussion commune à différents acteurs autour d’un même sujet. Il a pour vocation de minimiser le risque d’échec et de garantir le résultat. Malheureusement ces deux aspects sont des freins majeurs à l’innovation, à la rupture qui permet l’excellence. C’est donc un équilibre périlleux qui faut savoir maintenir entre bien et mieux.

6 – On ne peut avoir confiance dans un style unique. Un point pour les designers, mais facilement transposable en IT : on ne peut avoir confiance dans une techno et/ou dans une technique (manière de faire). Pour s’inscrire dans le long terme, il faut savoir remettre en cause ses habitudes, ses outils, ses méthodes,  sans quoi on risque de finir coincé au siècle dernier. Si aujourd’hui en 2010 vous faîtes encore les choses comme dans les années 90, il y a surement un petit peu de travail sur soi à faire…

10 – Dire la vérité. Je suis un fervent convaincu de celle là. Il faut savoir dire « Je ne sais pas », « J’ai fait une erreur », « C’est ma faute, je suis désolé », « Ce que vous me demandez n’a pas de sens »… Avec une préférence pour la dernière 😉 C’est tellement évident et tellement rare! Pourtant c’est l’esprit du job!

Je vous laisse aller voir les autres sur place.

(Update 05/10/10 : sp)