Humilité, empathie et égo

Plus le temps passe, et plus j’ai la conviction que la plupart de nos problèmes professionnels sont en réalité des effets de bord de nos problèmes personnels profonds.

Après tout, cela paraît logique : on l’avait vu dans Peopleware, nous sommes vraiment dans des métiers liés aux relations interpersonnelles, bien plus qu’à de l’expertise technologique. Confere votre dernier projet : le plus gros problème c’était plutôt la techno, ou plutôt le chef de projet / PO qui ne voulait pas comprendre que la techno ne pouvait pas faire ce qu’il voulait?

Screenshot du film Office Space, pour un effet comique

Par problèmes personnels j’entends les conséquences de la condition humaine, qu’elles soient innées ou acquises. À un niveau macro, cela se visualise à travers toutes les particularités de l’égo qui font de nous des animaux tant sociaux qu’asociaux. Pas de panique, je ne suis pas psy, ni philosophe, je ne creuserai donc pas plus dans cette direction 😉

Ce qui m’interpelle plutôt c’est l’égo, et comment la présence d’une personne à l’égo atrophié ou surdéveloppé peut nuire complétement à une dynamique de groupe. Cela peut se manifester par une déférence trop importante à la hiérarchie, à la limite de l’obédience, ou à l’inverse par une rébellion permanente, souvent générée par le sentiment d’être injustement spolié d’une chose ou d’une autre par le groupe. Le pire étant peut-être l’apathie détachée : « le monde brûle autour de moi mais vraiment, que font les autres pour corriger ça ? ». Il y’en a d’autres, des manifestations d’égos incontrôlés, vous en faites autant l’expérience que moi, et bien souvent elles se combinent et sont amplifiées par nos biais cognitifs naturels.

Screenshot de Shining, pour un autre effet comique

Lors d’un dysfonctionnement en milieu professionnel, il est d’ailleurs facile de blâmer une « mauvaise dynamique de groupe » et courant d’essayer d’y remédier via un changement des méthodes de travail en équipe (SCRUM, Lean…). Je crois sincèrement que cela ne peut pas marcher sans y associer un travail sur soi de chacun des membres de l’équipe, vers une prise de conscience des casseroles qu’on traîne et qu’on impose au groupe.

De mon côté, la seule recette que je vois pour adresser tout ça c’est juste d’être soi-même relativement carré dans ses baskets. Parce qu’au final, la seule personne sur laquelle on a prise, c’est soi-même. et je crois assez fort que si on arrive déjà à tenir son propre égo dans les clous, on rend un service énorme au monde. Imaginez si tout le monde faisait pareil ! 🙂

Pour travailler sur ce sujet, rien de révolutionnaire : cultiver son empathie (mais pas trop) et développer son humilité (lisez l’intro de l’article wikipedia, il est top), autrement dit régler ses problèmes ou du moins les prendre en mains…

Etre humble ce n’est pas être un bisounours. L’humilité n’empêche pas la fierté, ni de lutter face à un égo démesuré en face, bien au contraire. Pour moi l’humilité c’est se connaître, et s’accepter tel que l’on est, avec ses forces et surtout ses faiblesses. De cette maturité vient la sagesse de ne pas projeter sur les autres la douleur issue de ses propres failles, et de ne pas prendre pour soi la projection de la douleur des autres. En clair : arrêter de faire de tout une histoire d’égo.

Je ne sais pas vous mais pour moi c’est un travail quotidien, difficile, qui n’a pas de fin. Souvent j’échoue, mais ça ne m’empêche pas d’y croire et de persévérer 😉

Un dernier screenshot rigolo, cette fois de Orange is the new black

4 liens pour la semaine (2013-17)

Et c’est reparti pour un tour:

  1. David Cain sur la procrastination, ou comment le fait de trainer les pieds n’est pas de la fainéantise, mais bien un mécanisme de self-défense psychologique. Via Hacker News.
  2. Marco Arment sur Google Reader, et plus globalement le problème des solutions gratuites en position de monopole sur les écosystèmes logiciels.
  3. Eric Jackson sur pourquoi les entreprises doivent se prémunir des bozos (les clowns, les gens qui se croient bien meilleurs qu’ils ne le sont et qui écrasent les autres). Cela confirme bien que l’humilité reste une valeur essentielle chez un employé (être humain), et cela renvoie plus globalement au gap entre ceux qui sont sûrs d’eux (et qui n’ont pas forcément raison) et ceux qui doutent (la base de toutes nos démarches scientifiques) mais qui ont du mal à s’imposer dans la conversation.
  4. Enfin, Seth Godin qui nous rappelle que toute initiative humaine est imparfaite. Attention à ne pas oublier la destination à trop vouloir corriger les petits défauts sur la route.

______________________

<< Semaine Précédente – Semaine Suivante >>

4 liens rapides pour la semaine (2012-31)

Pas mal de très bons articles en ce moment, le choix a été difficile!

  1. L’excellente lettre du CEO de BuzzFeed qui explique le positionnement de sa start-up, relayée par Chris Dixon, via Jason Kottke. La lecture stratégie de la semaine.
  2. Par Hunter Walk: recruter sans entretien. Je suis vraiment partisan de cette nouvelle manière de penser: l’entretien n’est pas l’examen unique et ultime du recrutement, ce n’est que l’étape intermédiaire entre tester rapidement les candidatures pour éviter de perdre son temps (le manque de confiance qu’on peut avoir aujourd’hui dans les CV me désole, surtout au niveau des SSII) et travailler ensemble, avec le futur collaborateur/consultant, sur un vrai sujet, pour appréhender sa vraie valeur.
  3. Dan Ariely sur l’hypocrisie morale qui accompagne le pouvoir. Attention à ne pas tomber dans le piège soi-même! Un beau contre exemple en passant: l’humilité de l’avocat de Jack Daniels pour faire respecter son trademark.
  4. Enfin, Dan Wineman qui se lache sur VMware. Et il arrive à caser la pyramide de Maslow dans sa diatribe. Respect 😉

______________________

<< Semaine Précédente – Semaine Suivante >>