Revue : The Hard Thing About Hard Things par Ben Horowitz

J’ai profité de la pause entre mes 2 jobs pour diminuer un peu la pile des bouquins à lire qui me narguent à côté de mon bureau. Voici une rapide revue d’un des livres qui y est passé, les autres ici.Couverture The Hard Thing About Hard Things

The Hard Thing About Hard Things (Amazon.fr) par Ben Horowitz (blog|about).

Ben Horowitz est un monsieur avec un parcours semé d’embûches. Pour faire court, il a lancé plusieurs start-up dont une qui a cartonné. Pas de chance pour lui, c’était en 2000, juste avant l’explosion de la bulle internet. Là il a dû gérer la descente aux enfers de sa société, pour miraculeusement arriver à la sauver et la revendre en 2006.

Et ce livre c’est son retour d’expérience sur toutes les choses douloureuses qu’il a du faire pendant son odyssée: licencier des top-managers quand la société va couler, dégrader un copain parce qu’il ne remplit pas la fiche de poste, détecter et résoudre les conflits politiques dans les contextes difficiles, récupérer un top performeur irremplaçable qui part en sucette et se croit tout permis, etc…

Morceaux choisis :

  • Un CEO/PDG doit être transparent, même et surtout quand ça va mal. Sinon pas de confiance, et l’organisation se crispe sur la méfiance et le ressenti. Avec la confiance, pas besoin d’avoir à expliquer, l’organisation est beaucoup plus rapide. (p66)
  • Attention au dicton « toujours remonter une solution avec un problème», cela peut empêcher des collaborateurs de remonter des problèmes quand ils ne trouvent pas de solutions. Et trouver une solution c’est un boulot à 50/50 entre le manageur et le collaborateur. (p67)
  • Tout un chapitre sur la « bonne » manière de licencier en masse. Pardon mais quand un américain donne de meilleurs conseils que ce qu’on voit appliqué en France, c’est dur. (p68)
  • La bonne manière de voir un licenciement, c’est que c’est un échec du manageur, pas du collaborateur licencié. En effet on peut résoudre le problème à : mauvais recrutement, mauvais encadrement ou mauvaise définition du poste. (p74)
  • « Dans les bonnes organisations, les gens peuvent se concentrer sur leur job et avoir confiance dans le fait que s’ils le font bien, de bonnes choses se passeront pour eux et la société. », et il continue : dans une mauvaise organisation, soit on ne sait même pas en quoi consiste vraiment son job, soit on fait un boulot qui ne déclenche aucun retour positif visible pour soi-même ou la société, voir des retours négatifs. (p74)
  • Le levier d’action n°1 pour un manageur est la formation de ses collaborateurs, depuis le top niveau jusqu’au terrain. Un manageur doit lui-même former ses collaborateurs, au moins en partie, que ce soit sur le métier tout en bas de la pyramide, ou sur le management à plus haut niveau. Ben Horowitz reprend là un thème de fond d’Andrew Grove, dont j’ai revu également le bouquin. (p107)

Si c’est une lecture que je recommande vivement pour les manageurs et directeurs de nos sociétés, avec tout un tas de conseils applicables à J+1, je le fais également pour les collaborateurs. En effet cela ouvre les yeux sur la réalité de nos directeurs, qui doivent prendre des décisions douloureuses dans des situations qui n’ont pas vraiment de solutions.

The Hard Thing About Hard Things (Amazon.fr) par Ben Horowitz (blog|about).

4 liens pour la semaine (2014-13)

Ca faisait trop longtemps que je ne vous avais fait une petite sélection de lectures à ne pas rater!

  1. Sebastian Marshall sur comment gagner de l’argent se résume à 2 grands aspects. Brillant!
  2. Via le Radar, le changement d’approche managériale de Chipotle (chaîne de fast food américaine), qui remet les responsabilités en face des individus. C’est top et ça marche ! Si vous avez un peu de temps, je vous conseille comme Nat Tokington de poursuivre avec l’article de Ben Horowitz sur la formation.
  3. Chris Dixon qui nous rappelle l’excellente analyse en 3 points de Douglas Adams sur notre approche des technologies.
  4. Enfin, via John Gruber, Horace Dediu qui en 3 graphs nous montre la domination d’Apple et Samsung sur le marché des téléphones portables. Particulièrement choquant, le graph sur le résultat d’exploitation :
Notez comme Apple et Samsung extraient à eux deux l’ensemble des profits du marché !

Notez comment Apple et Samsung extraient à eux deux l’ensemble des profits du marché !

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4 liens rapides pour la semaine (2012-34)

C’est l’été, à lire avec un mojito au bar de la plage 😉

  1. Via Cory Doctorow, la terrible réalité de ces très grandes entreprises américaines qui en 2011 ont versé plus de rémunération à leur CEO qu’elles ont payé d’impôt.
  2. Hunter Walk qui nous rappelle qu’il faut toujours se forcer à vivre les contraintes qu’on impose à nos clients.
  3. Ben Horowitz qui nous raconte comment à l’époque, quand il était CEO d’Opsware, il transmettait son « why » à son middle-management.
  4. Enfin, Dan Ariely qui nous parle de déplétion de l’égo. A lire à l’heure du retour des vacances!

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La constance est une vertu (hein HP?)

La constance est une vertu qui doit apparaître dans les grilles de relecture des décisions prises par le top management d’une entreprise. Enfin pour celles qui utilisent des grilles de relecture, évidemment…

Pour les autres, c’est surement un conseil qui tombe à l’eau. Un bel exemple de ces dernières c’est HP.

En mai, le top management d’HP annonçait à la presse sa certitude de devenir le numéro « 1+ » des tablettes avec le TouchPad. En juin, suivant une série de revues plutôt peu flatteuses de l’engin, un autre représentant d’HP affirmait que finalement l’iPad n’avait jamais été le concurrent du TouchPad, et que de toutes façons tous les problèmes seraient corrigés par patch après la sortie du produit. Quand la tablette sort en magasin HP en vend si peu qu’elle est arrêtée et bradée au quart de son prix, ça c’est en août. Également en août, le revirement stratégique complet qu’est l’annonce de l’abandon de l’activité PC– activité historique du groupe HP (même effet que Renault qui annoncerait l’arrêt de son activité voiture). Enfin en septembre, la conclusion évidente de l’histoire se produit avec une réduction des effectifs de l’équipe responsable du TouchPad…

Clairement la constance, la notion de long terme, ne fait pas partie de la grille de relecture des décisions d’HP:

  • Aucune constance dans le positionnement stratégique sur le marché
  • Aucune constance dans le message passé à la presse
  • Aucune constance dans le marketing du produit
  • Aucune constance dans la fonction première de l’entreprise
  • Aucune constance dans le management des équipes (vous êtes les numéros 1+ > vous êtes virés)

Pour y voir plus clair on peut demander à Horace Dediu (Asymco / HBR) ce qu’il pense de la stratégie produit d’HP. On peut aussi avoir une vue plus manageriale avec l’avis de Ben Horowitz. Et quand on remonte le temps, on réalise que certains avaient déjà prédit le drame l’année dernière, et pas des moindres, entre autres Larry Ellison et Robert Cringely.

Pour moi c’est John Gruber qui résume le mieux la situation en disant qu’en dehors de mettre volontairement le feu au siège de la société, il est difficile de voir comment Léo Apotheker, CEO d’HP pendant cette période, aurait pu faire pire. Comment ça se passe pour aujourd’hui pour Apotheker? Il est mis à la porte avec un chèque de 25 millions de dollars. Vingt-cinq millions de dollars.

Là clairement je m’interroge sur ce que fait le comité exécutif. Quelles valeurs pensent-ils que ce type de décision véhicule auprès des collaborateurs? Certainement pas la loyauté ni l’engagement dans les résultats, donc pas la constance, c’est sur.

Ce qui est navrant c’est que ce comportement n’est pas l’exception, heureusement ce n’est pas non plus la règle, mais il est suffisamment étendu pour que certains s’interrogent sur la possibilité de réglementer le sujet. A mon sens c’est une très mauvaise idée, mais une bonne piste de réflexion.

Cela dit il y a un côté positif dans toute cette histoire. Nous vivons dans une ère où ce genre de comportement est rapidement sanctionné. Avec Internet pour le partage d’information et la mondialisation des marchés boursiers pour la punition financière, le défaut de qualité du management d’HP n’aura pas mis longtemps à être recadré. Et ce qui est beau c’est que plus l’entreprise est dépendante des marchés financiers, plus elle souffrira de ses errances. Notez que je ne suis pas pour les marchés financiers tels qu’ils sont implémentés aujourd’hui, c’est même un euphémisme, mais je trouve que pour une fois cela fait une belle boucle de feedback.

Pour conclure sur HP, je ne connais pas la remplaçante d’Apotheker, Meg Whitman, mais même si c’est un excellent CEO elle va se trainer le pire comité exécutif de l’année. Ce n’est pas le genre de choses qui aident lorsqu’on doit entreprendre une reprise aussi drastique que celle que doit envisager HP pour revenir sur le devant de la scène. On en reparle dans un an!

NB: Attention à ne pas confondre constance et résistance au changement: rien n’est permanent sauf le changement 😉

Update 25/09/2011 : Via the Macalope (3ème partie de l’article), un premier avis sur Meg Whitman. Ça fait peur. Je me rend compte que j’ai surement tort en disant que HP manque de constance: ils sont vraiment constants dans l’incapacité à prendre les bonnes décisions…

4 liens rapides pour la semaine (2011-14)

Que du très bon cette semaine:

  1. Ben Horowitz sur la compétence la plus difficile à acquérir pour le CEO (PDG)
  2. Lucius Kwok sur le recrutement lent (par opposition au fast food / fast recruiting)
  3. Wil Shipley sur le bon état d’esprit à avoir dans le monde des start-ups
  4. Sharon Fisher sur les 6 points à apprendre quand on commence en tant que chef de projet.

PS: Et si en cette période de fin de saisons vous cherchez une nouvelle série à suivre, je vous conseille Outsourced.

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4 liens rapides pour la semaine (2011-10)

Désolé de la journée de retard mais j’étais en week-end :p

  1. Ben Horowitz sur comment recruter (ou ne pas recruter) quelqu’un dans la boîte d’un ami / d’une relation business. Beaucoup de bon sens.
  2. Un beau mythe fondateur d’entreprise: comment les managers se sont interposés contre une vague de licenciement dans le Pixar des années 85. Ça inspire.
  3. Par 37 Signals, une remise en place nécessaire sur ce qui se passe quand Yahoo rachète votre start-up.
  4. Enfin, un article écrit de la part de tous les hommes pour toutes les femmes, par un humoriste américain. C’est bien fait 🙂

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