La vérité essentielle du business

En parcourant mes flux ce matin, j’ai eu un flash en lisant un article sur Sparrow. En court Sparrow est un client mail pour iPhone et iPad. Personnellement j’utilise ce client sur OSx et je trouve qu’il fait bien le job. Mais là n’est pas le sujet.

Dans cet article, l’auteur nous indique le prix de l’appli : 3$. Ça m’a frappé. Quand on pense à la somme de talent et de volonté nécessaire pour que cette application termine sur mon iPhone – de l’équipe de développement de l’application elle même, de tout ce qui se passe chez Apple en Californie et en Chine, jusqu’au bloggeur qui va me faire sa recommandation – tout ça est mis en place pour seulement 3$ ? Sur le coup ça m’a semblé vraiment dérisoire.

Je me suis mis à la place des dirigeants de Sparrow, et cela m’a paru absurde de vendre autant de temps et de talent pour un prix à l’unité si faible (notez au passage que c’est tombé sur Sparrow au hasard, je ne les connais pas du tout).

J’en étais là quand deux éléments me sont revenus en mémoire pour balancer cette vision des choses :

  • La citation de Walt Disney : « On ne fait pas des films pour faire de l’argent, on fait de l’argent pour faire des films »
  • Le speech de Simon Sinek à voir absolument:

Et là l’équation s’est renversée. Si chez Sparrow ils font comme Walt Disney, ils font de l’argent pour faire des applications, alors le prix unitaire est en fait indépendant de la perception de valeur que l’on a du produit. Peu importe qu’il ait fallu un milliard de jours/homme pour délivrer le produit, cela ne rentre pas en ligne de compte. Le critère principal pour fixer le prix devient de permettre à l’entreprise de continuer à faire ce pourquoi elle existe.

Maintenant il va falloir s’interroger sur quelle est la vocation de l’entreprise…

Je pense que c’est dans cette réflexion – partagée par Walt Disney, Simon Sinek ou encore Chris Dixon – qu’on touche à la vérité essentielle du business: quel est l’objectif de l’entreprise ? Pourquoi l’entreprise existe-t-elle ? Pourquoi fait-elle ce qu’elle fait?

Évidemment la réponse n’est pas « faire de l’argent », puisque la question se formule également « pour quelle raison l’entreprise fait-elle de l’argent ? ».

C’est loin d’être une question triviale, c’est même certainement la question la plus difficile que doit se poser un chef d’entreprise. En effet la réponse ne fera certainement pas partie de la liste des raisons attendues par son banquier, par ses pairs et surtout par lui-même. Car non, rouler en Maserati n’est pas une fin en soi! C’est un plaisir, c’est un boulot, c’est un outil marketing… mais ce n’est pas une fin en soi.

Oui c'est joli, mais ce n'est pas une fin en soi! C'est juste une très belle voiture!

Ceux pour qui c’est plus facile sont les dirigeants de business familiaux. Ils disposent d’une réponse primaire évidente: protéger la famille, que ce soit dans le matériel mais également dans la transmission du patrimoine, de l’héritage, du savoir-faire. C’est certainement la raison pour laquelle ces entreprises durent aussi longtemps. Le pourquoi est clair dans ce type d’entreprise.

L’héritage c’est malheureusement ce qui se perd le plus vite si on oublie pourquoi on fait du business. On peut prendre la FNAC en exemple : le pourquoi de la société était pourtant écrit un peu partout sur leurs murs : « Agitateur de curiosité ».  Est-ce que vider les rayons de ses collaborateurs ultra-pointus sur la musique et la littérature pour les remplacer par des emplois non qualifiés (et moins chers) était une décision alignée avec le pourquoi de la société ? On peut en douter. Ce n’est pas la décision qui aura terminé la FNAC, une enseigne qui est certainement loin d’avoir dit son dernier mot, mais c’est une décision qui aura fait comprendre à la clientèle et aux collaborateurs que finalement la FNAC n’était pas si différente des autres enseignes.

Un autre exemple nous vient des bibliothèques municipales aux USA, je l’avais déjà rapporté dans les 4 liens. On pourrait penser que la vocation des bibliothèques est le prêt de livres, mais ce serait rater l’essentiel. L’utilisation par un individu de notre pays, de notre culture, nécessite des éléments que nous avons tendance à considérer comme universels mais qui ne le sont pas. D’ailleurs plus le temps passe et plus le seuil augmente : lire et écrire, compter, remplir un formulaire, comprendre des notions administratives abstraites, utiliser un ordinateur, accéder à Internet… Ce sont des compétences désormais nécessaires pour vivre au quotidien en Europe ou aux USA mais qui malheureusement ne sont pas universelles.

Si on considère les bibliothèques comme de simples rayonnages de livres, autant les fermer : elles sont dépassées à l’aube du tout numérique. Mais si comme dans l’article on les voit comme des points d’accès à notre culture, à notre « civilisation », qui permettent d’apporter les compétences nécessaires à ceux à qui elles manquent et sans lesquelles ils seraient exclus du système, ça c’est un pourquoi essentiel qui justifie de se battre pour leur survie.

Aligner sa stratégie et ses décisions avec le pourquoi de son entreprise n’est certainement pas suffisant pour réussir, mais c’est absolument nécessaire. Le pourquoi c’est la colonne vertébrale de l’entreprise. Recruter autour permet d’aligner tous ses collaborateurs dans le même sens, les motiver. Communiquer autour permet d’identifier sa clientèle et construire une relation à long terme avec elle.

Pour conclure, j’ai parlé des dirigeants mais je crois qu’on peut appliquer cette réflexion à sa carrière personnelle. Pourquoi faites-vous ce que vous faites aujourd’hui ? Est-ce un choix, une vocation ? Avez-vous les mots pour expliquer pourquoi ?

Encore une fois ce n’est pas évident, il est même fort probable que vous n’ayez pas de réponse. Ce n’est pas grave en soi, vous aurez juste beaucoup de mal à atteindre une satisfaction professionnelle durable – j’imagine que vous êtes déjà au courant…

De mon côté j’ai identifié mon pourquoi. Je crois en effet qu’à mon petit niveau je mène un combat qui suit les valeurs des Lumières. Sur ce blog et à travers chaque mission je lutte contre l’irrationnel, l’obscurantisme et l’arbitraire. J’apporte des informations rationnelles et des méthodes scientifiques qui permettent de comprendre les situations et prendre des décisions justes et éclairées.

Ca discute modélisation chez la mère Geoffrin

Et vous ? Vous partagez dans les commentaires ? 😉

[Mise à jour 22/03/2012] Pour plus de clarté j’ai ajouté quelques exemples supplémentaires dans l’article suivant. Bonne lecture 🙂

Ma fuite au pays de la pomme

Je le disais tantôt, j’ai craqué pour le tout nouveau Macbook Air d’Apple.

Pour un consultant décisionnel spécialisé dans les technologies Microsoft, c’est vrai que c’est un peu ironique de passer à un produit du concurrent numéro 1. Je le justifie comme une preuve d’ouverture d’esprit… Je vous promets que de temps en temps ça passe 😉

Et puis je ne suis pas le seul. Je me suis renseigné, et la plupart des gens qui minspirent le sont. Ok c’est un peu un raisonnement de mouton, mais même dans mon écosystème vraiment pro-Microsoft les meilleurs sont sur Macbook.

Alors pourquoi un Mac ? Pour le hardware, évidemment, c’est super bien fini, bien pensé, le matos est sexy, la résolution d’écran est la bonne, à l’heure actuelle c’est juste le top en terme de design et de finition. Mais c’est également pour le software : OS X Lion est un bijou. Tout est intuitif, tout est facile. C’est surement la version de l’OS la plus facile à prendre en main pour quelqu’un qui vient du monde Windows.

Pourquoi ce Mac ? Le Macbook Air c’est le partenaire idéal du consultant (non développeur). Il est fin, léger (1.3kg), format A4, il démarre en 10 secondes et il a une grosse autonomie. C’est la classe en salle de réunion, c’est la classe pour faire un pitch à un client, c’est la classe pour faire une présentation à 40 personnes, c’est toujours la classe ! Je dis consultant mais pas développeur parce même avec un écran externe grand format, il manque de RAM pour en faire une machine de dév à temps plein – j’en reparle plus bas.

Pour ceux qui envisagent de « switcher », voici les points qui m’ont le plus impactés dans mes premiers jours, dans le désordre :

  • C’est bête à rappeler mais… Internet est le même sur toutes les systèmes d’exploitation. Donc pas d’inquiétudes pour GMail, Maps, Hotmail, et toutes les autres applis web, ça tourne nickel.
  • Sur Mac on installe pas un logiciel, on copie juste son package dans le répertoire « Application » et c’est tout! Ce package soit on le récupère en ligne (souvent dans un zip), soit il vient dans un DMG, une image disque. Un DMG ça se monte (on double clique dessus) et ça devient un disque dur qui contient le fichier attendu (idem ISO). Une fois fini on démonte (éjecte) le DMG et on peut le supprimer. C’est vraiment fastoche !
  • Pas de bouton droit, mais il y a un menu contextuel en faisant un click à 2 doigts sur le trackpad. D’ailleurs ce trackpad multitouch, il est génial.
  • L’OS et les applis utilisent beaucoup de raccourcis clavier qui accélèrent considérablement la manipulation. On les apprend progressivement avec le temps.
  • Il existe 2 très bons guides officiels pour commencer : Mac 101, Switch.
  • OS X est un super système d’exploitation, surtout parce que les logiciels qui y sont disponibles sont d’une très grande qualité (Sparrow, Reeder, Boxer, Caffeine, Fantastical, iStat Menus…)
  • Enfin, il est super facile de partager des fichiers avec un environnement Windows, par le réseau (utiliser smb:// dans safari si ça ne vient pas) ou par clef/disque USB.

Enfin, par rapport à mon activité de consultant, j’ai installé une machine virtuelle Windows. Une machine virtuelle c’est avoir un Windows complet dans une fenêtre dans OS X. Et malheureusement c’est là où n’avoir que 4Go de RAM pêche un peu. En effet cela veut dire qu’on va partager la RAM entre Mac OS X et Windows. Deux Go de RAM pour Windows Server 2008R2 avec SQL Server et toute la stack BI Microsoft, ça fait pas beaucoup.

Mais si on fait attention aux services qui se lancent, on se retrouve avec Office 2010 pour Windows (à moi les connexions OLAP et SQL Server, à moi PowerPivot et les nouveaux tableaux croisés dynamiques avec slicer), et carrément un SQL Server 2008R2 complet qui tourne au poil. Pour un POC, une démo ou une présentation ça marche nickel. En plus SQL Server profite vraiment bien du SSD: c’est ultra rapide… jusqu’à ce que ça crash à cause de la RAM ;). Et puis c’est tellement sexy d’avoir Visual Studio et Management Studio sur mon petit Macbook!

Vous l’avez bien compris je suis conquis par cette machine! Je vais attendre quelques mois et je vous ferai un autre compte rendu, une fois passée la période d’euphorie initiale, et on verra si la passion tient dans la durée 🙂