Des lignes et des colonnes

Je me suis fait une drôle de réflexion ce matin en lisant cet article d’Alex Payne (un des premiers ingés de Twitter, maintenant CTO de BankSimple), et plus particulièrement ce paragraphe:

Even the most bureaucratic of technologies can’t be claimed to be un-opinionated or free from our values. The lowly SQL database, workhorse of dismal trades like accounting and business analytics, is theoretically “value-neutral” to the data it stores. Yet, in structuring data into rows and columns of particular standard types, a set of values emerges that dictates what information is and how it should be stored and queried.

Traduit grossièrement:

Même la plus basique des technologies est affectée par nos valeurs et nos opinions. La simple base de données SQL, moteur de basses besognes telles que la comptabilité ou l’analyse business, est en théorie neutre en valeur vis-à-vis des données qu’elle héberge. Pourtant, en structurant les données en lignes et en colonnes de types standardisés, un ensemble de valeurs apparaît et dicte ce qu’est l’information et comment elle doit être stockée et requêtée.

C’est tellement vrai!

Pour étudier un événement à travers un modèle relationnel, un modèle en étoile, on le force à prendre une forme qui ne lui est pas forcément naturelle. La question devient: quelle est la valeur de l’analyse si pour la réaliser il a fallut tordre les faits et les conformer à un modèle artificiel? On retourne ici en plein problème de « legibility » dont je parlais tantôt.

Alors évidemment, étant donné que la plupart des phénomènes que l’on doit modéliser dans l’entreprise sont artificiels, il est facile de les modéliser en utilisant un processus artificiel. Un flux comptable, un portefeuille financier, une masse salariale, une chaîne de production… ce sont des éléments inventés de toutes pièces par l’homme et qui donc se conforment facilement dans une base de données.

Mais quand on étudie des phénomènes plus libres comme des courants d’idées sur Internet, la manière dont les sociétés s’organisent et se désorganisent, la mode… les relations humaines en somme, et bien cette mécanique se grippe vite. C’est surement la raison pour laquelle la plupart les gros acteurs sur le web, les journalistes et bloggeurs data ou encore les chercheurs en sciences sociales, n’utilisent que très peu les bases de données SQL et préfèrent le NoSQL, BigData et les nouveaux outils de visualisation (R & co).

Il suffit de voir les résultats de leurs études sur FlowingData ou Information is Beautiful, et de considérer l’effort que cela prendrait de faire certaines de ces analyses sur une plateforme décisionnelle classique, quand c’est possible, pour bien prendre conscience du poids que nous impose le modèle relationnel.

C’est une état de fait tellement évident qu’on l’oublie trop souvent lorsque vient le moment de modéliser un nouveau système décisionnel. Or certaines activités de l’entreprise comportent des éléments à la limite du modélisable, des éléments pourtant cruciaux à la compréhension globale de l’activité. Je pense par exemple aux relations clients ou aux ressources humaines. Sur ces domaines il faut donc être particulièrement prudent, se souvenir de ces limitations, et prévenir les utilisateurs des limites de l’outil à analyser un phénomène qui par définition ne peut pas être modélisé correctement.

Au revoir 2010, enfin!

Pour marquer la fin de cette année 2010, je vais me livrer à l’exercice proposé par Seth Godin et Alex Payne. Je vous encourage à faire la même chose (pourquoi pas en commentaires juste en dessous), c’est révélateur. Cet exercice est simple: lister ses accomplissements professionnels de 2010.

Pour moi, 2010 ça a été:

  • Monter un blog, écrire plus de 100 articles, partager avec une dizaine de personnes ces nouvelles réflexions qui nous passionnent
  • Changer de boulot, retourner au consulting et trouver une boîte avec laquelle je partage des valeurs
  • Livrer des solutions de bout en bout
    • Un ETL qui pulse
    • Deux plateformes BI complètes qui ravissent leurs utilisateurs
  • Aider des utilisateurs à sortir de la galère

Et 2011 ce sera:

  • Canaliser mon envie de m’exprimer, trouver mon rythme sur ce blog, me décider sur la dichotomie des sujets (Stratégie Business vs Business Intelligence)
  • M’investir dans ma nouvelle boîte, évidemment dans les missions, mais surtout dans la structure

Pour conclure je vous partage ma seule résolution de 2011: cette année je refuse de limiter mes initiatives par ma propre faiblesse ou celle des autres. Je compte sur vous pour me remettre ça sous le nez si jamais vous voyez que je m’écarte du chemin 😉

Encore une fois bonnes fêtes à tous, à l’année prochaine 🙂

4 liens rapides pour la semaine (2010-40)

Et hop :

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