Lectures pour soigner la désillusion du monde du travail

Autour de moi je trouve beaucoup de jeunes gens en complète déprime face au monde du travail.

Je constate en effet une grosse déception face à leurs premiers boulots, un manque terrible d’enthousiasme face à leurs perspectives à moyen termes, bref une grosse désillusion du monde du travail, et plus globalement de leur place dans le monde d’aujourd’hui.

Exactement ce que j’ai vécu il y a 10 ans.

Illustration du désespoir de ne pas comprendre les règles tacites

Alors évidemment je ne suis pas prof de philo, ni psy (et si la dépression est réelle je vous recommande urgemment de consulter), mais pour ceux qui vivent ce doute j’ai décidé de vous partager les lectures qui m’ont aidé à sortir de cette pénible transition d’étudiant à membre productif de la société (de jeune femme/homme à adulte en fait).

Notez que le sujet est universel, et qu’il existe donc une quantité fantastique d’écrits de qualité sur le sujet, parmi lesquels certains pourraient certainement plus vous parler à vous que ceux qui m’ont parlé à moi. Mais je ne peux évidemment recommander que celles qui m’ont permis d’avoir le déclic, les voici :

Couverture Why Beautiful People Have More DaughtersJe commencerais par « Why beautiful people have more daughters ? », l’ouvrage de référence de vulgarisation de la psychologie évolutionniste. La psychologie évolutionniste c’est la discipline qui explique nos comportements via la théorie de l’évolution de Darwin, et son impact sur le cerveau. Ne vous arrêtez donc pas aux notes du bouquin sur Amazon, puisque c’est un sujet assez controversé pour les Américains… En plus c’est une recommandation personnelle que je vous fais ! Ce livre traite sur un ton léger des pulsions qui nous animent. Il donne des clefs d’analyse qui expliquent pourquoi nous sommes tiraillés en permanence par nos propres sentiments. Personnellement cela m’a fait beaucoup de bien car ça a expliqué la source de sentiments pour lesquels je me sentais coupable, en les mettant en face des pulsions animales qui leur donnent naissance. Il est beaucoup plus facile de rationaliser un mal être quand on sait d’où il vient.

Couverture Starship TroopersLe deuxième ouvrage c’est Starship Troopers (Etoiles, garde à vous !), le livre de Robert Heinlein, qui n’a d’ailleurs pas grand-chose à voir avec l’excellent film de Paul Verhoeven. Ce roman de science-fiction évoque le parcours d’un jeune homme qui s’engage dans l’armée de la Fédération dans un proche futur. Particulièrement à propos dans ce livre est le passage sur le camp d’entrainement (boot camp), et comment le héros surmonte sa transition de civil à citoyen, et adapte son image propre à sa nouvelle identité de soldat. Le parallèle est facilement faisable avec notre propre entrée dans le monde du travail, et le cap à passer pour comprendre sa place et modeler son identité dans ce nouveau contexte. Cela dit il existe à mon sens une grosse différence : là où les soldats trouvent un réconfort dans la nouvelle famille qu’ils adoptent (les autres soldats autour d’eux), dans le monde professionnel on se retrouve bien trop souvent tout seul. Et à défaut de passer ce cap, on se retrouve en lutte permanente, avec le mal-être qui va avec, jusqu’à la retraite.

Couverture : The Shibumi StrategyNotez qu’il existe une bonne et des mauvaises manières de passer ce cap, celui qui nous permet de nous conformer au monde de l’entreprise. Cela est vraiment bien décrit dans la Shibumi Strategy. Il s’agit d’un court récit qui décrit la reconversion d’un employé licencié en vendeur de voiture, et de comment en changeant sa perception de son environnement il réussit son intégration et retrouve un équilibre. Notez que cette excellente lecture est également le parfait point d’entrée vers le lean, mais ce n’est pas le sujet du jour ! En effet ici je parle de se changer soi-même pour mieux se conformer, et non de changer l’organisation autour de soi pour qu’elle se conforme mieux à nous.

Couverture : The Gervais PrincipleOn enchaine avec la passionnante série d’articles du Gervay Principle écrite par Venkatesh Rao. Notez qu’elle est disponible gratuitement sur Ribbonfarm, sans avoir à payer sur Amazon. Ces articles décrivent le monde de l’entreprise avec un prisme de lecture tiré de la série The Office (US). Évidemment si vous avez vu la série ça aide, mais même sans cela c’est un travail fantastique pour comprendre comment fonctionne le microcosme de la vie de bureau. Parce qu’il est essentiel de connaître l’ennemi pour lutter efficacement contre lui 😉

Screenshot du blog d'IssendaiEnfin, en parlant d’ennemi il a cet article du blog d’Issendai, dont j’avais déjà parlé ici. Il décrit les relations toxiques que nous pouvons avoir avec des gens de notre entourage familial, et c’est très facilement transposable dans le cadre professionnel vis à vis de son responsable/manager/directeur. Et en fait ça nous donne une grille d’analyse qui permettra de savoir immédiatement si notre environnement de travail est toxique ou non. Parce qu’il ne sert à rien d’essayer de passer le cap et se conformer à un job s’il est mauvais pour sa santé mentale. C’est contre-productif et ça pourrait même laisser des traumatismes à long terme.

On récapitule cette liste des lectures qui m’ont sauvé, avec le focus spécifique de chacune :

  1. Why beautiful people have more daugters ? : mets les mots sur les pulsions qui nous animent pour mieux apprendre à les gérer
  2. Starship Troopers : décrit le cap à passer pour se conformer à son environnement, également une excellente critique de notre société
  3. The Shibumi Strategy: décrit le cap à passer pour se conformer à son environnement, et comment changer sa perception pour mieux y arriver
  4. The Gervay Principle: analyse du monde de l’entreprise pour mieux comprendre sa place
  5. Article d’Issendai: test obligatoire pour vérifier si l’environnement actuel est le bon pour entamer sa transformation

En plus des vôtres que j’attends dans les commentaires, il y a également toutes celles qui ont participé à ma construction sur ces sujets sans avoir forcément un rôle aussi fondateur. Par exemple : Nous les dieux de Werber, Joel on Software, le blog de Bill Waddell, Peopleware (revue bientôt sur ce blog)…

Et si vous avez juste besoin de parler, n’oubliez pas que mon adresse mail est dans la colonne de droite (avant d’exploser en plein vol)!

Et hop la gerbille!

5 commentaires sur « Lectures pour soigner la désillusion du monde du travail »

  1. Merci pour les références, les articles sur les livres sont mes préférés 😉

    Pour ma part voici les désillusions face au monde du travail que j’ai rencontrées :

    La première déception vient de la différence de vision sur les postes et responsabilités qui nous sont vendus au cours de nos études (+ les intitulés des stages), par rapport à la réalité professionnelle et du niveau d’expérience réellement nécessaire afin d’arriver à ces postes.

    La deuxième étant liée à la différence entre les valeurs communiquées par les entreprises par rapport aux valeurs constatées au quotidien dans ces mêmes entreprises. Ce qui m’a aidé à ne pas me faire piéger c’est identifier rapidement les miennes et de ne pas les perdre de vue. Deux livres qui m’ont guidé à la définition de ces valeurs sont : « Management 3.0 » et « Partageons ce qui nous départage ». (le Gervay Principle m’a bien aidé aussi, merci 😉 )

    En plus de la littérature, comme l’a mentionné Florian, trouver et s’inscrire dans une communauté professionnelle permet d’apporter une réponse à la question : pourquoi notre métier ?
    Dans nos domaines assez technique il est plus facile de trouver des groupes. La difficulté est plus grande pour les métiers plus fonctionnels, des communautés autour des soft skills existent, est-ce qu’elles apportent autant ?

    Tout cela est propre au milieu professionnel dans lequel on évolue. Les gens autour de moi venant d’autres domaines ne les partagent pas. Leurs désenchantements sont centrés autour de la difficulté de trouver un emploi correspondant à leurs études. Mes désillusions leur paraissent en général très lointaines.

  2. Jai fait mon dernier stage de médecine à Fermont et je peux dire que c’est épouvantable la quantité d’anti-dépresseurs qui sont vendus là-bas! La moitié de nos journées consistaient à renouveller ou à prescrire ces pillules. Il y a au-moins le 3/4 des employés de la mine, ArcelorMittal, qui sont sous ordonance et qui doivent prendre des somnifères. C’est vraiment troublant, je ne comprends pas comment des employés peuvent vivre de cette manière. En tk.

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